ET LE SEXE DANS TOUT CA ? #confinement 

sexe et masque

Réflexions et Conversation de deux thérapeutes, sur les conséquences du confinement et de cette période exceptionnelle sur le couple en général et sur la sexualité en particulier dans un contexte de “Travail à domicile”.

Sandie BOULANGER : Sophro-Relaxologue, Sexothérapeute.

Emmanuel FRANTZ-MERCADAL : Psycho-Sexo thérapeute, Ostéopathe et Executive Coach, Conférencier et Expert en Qualité de Vie au Travail.

Emmanuel FRANTZ-MERCADAL :

C’est passionnant de pouvoir assister à une période aussi riche, aussi exceptionnelle dans notre histoire personnelle et collective tel que le confinement. Nos vies ont radicalement changé, nous sommes pour beaucoup en télétravail, ou en chômage partiel, et le tout dans un espace restreint, voué normalement à l’intime, que nous devons partager avec notre travail. Certes les problématiques de territoires interpersonnels, les tensions et les conflits que cela peut générer sont importantes. Mais que dire de nos couples, de notre sexualité quand l’intime est ainsi envahi ?

Sandie BOULANGER :

Chaque expérience de vie est une opportunité de grandir, d’en faire quelque chose qui ait du sens… ou pas. Retrouver sa capacité de discernement, de décision et sa prise de responsabilités restent un enjeu majeur de cette situation extra ordinaire. Comment aller dans ces questionnements existentiels, jusque dans notre sexualité, ainsi perturbée?

Emmanuel FRANTZ-MERCADAL :

Je crois que c’est un sujet qui intéresse tout le monde. Dans les consultations nous rencontrons une réelle souffrance, et aussi un levier formidable pour reconquérir notre intime, notre estime. Alors imagine avec les contraintes du confinement. J’ai eu la chance pendant cette période qui prend fin (espérons-le …) de continuer en visio les consultations, et plusieurs cas étaient frappant. Le cas du patient ou de la patiente célibataire, avec des tentatives plus ou moins heureuse de faire comme si ce n’était pas un problème et au final une véritable souffrance. Le cas du couple qui avait perdu l’habitude de passer autant de temps ensemble et qui redécouvre l’autre avec difficulté d’une reprise non souhaité et parfois de belles surprises. J’ai eu malheureusement à accompagner aussi des patientes victimes de violences conjugales. Pas facile de trouver son équilibre intime dans ces configurations. Quand en plus vient se mêler le travail omnipotent dans l’espace confiné cela produit de véritables tensions. Ou peut-être des opportunités nouvelles ?

Sandie BOULANGER :

Je te rejoins Emmanuel. Un espace réduit qui a eu pour horizon une accélération des traits de personnalités jusque-là contenus ou canaliser par la riche activité du quotidien. Dans COVID, il y a “vide”. Un trop plein émotionnel qui vient boucher les failles. Les nouvelles opportunités sont accessibles lorsque notre attention est possible. Et pour cela, il faut se poser, en soi. Et là, pas simple d’accueillir toutes les facettes de l’humanité, jusqu’aux plus sombres. La sexualité est un passage à l’acte, un dialogue corporel sacré, si on y met ce sens. J’ai senti dans ce confinement, auprès de mes patients de plus en plus nombreux au fil des semaines, qu’il pouvait être effrayant de rester avec soi-même. Se pose la question du « Qui suis-je quand je ne fais pas ? », et beaucoup n’y étaient pas préparés, peu outillés. Alors la question du faire, réalisée par la sphère professionnelle, a plus clairement rejoint celle de l’intime, du sexe. Quels enseignements pouvons nous accueillir aujourd’hui ?

Emmanuel FRANTZ-MERCADAL :

“Qui suis-je quand je ne fais pas ?” J’aime beaucoup cette question dans une société du Masculin où faire est impérieux. Évidemment ça interroge notre intime, notre rapport à notre corps, notre rapport à l’autre dans l’intimité. Ceux d’entre nous en couple ont du se confronter à une nouvelle normalité, celle du “quotidien permanent”, petite variante du quotidien qui impose une présence absolue, confrontante. Ceux qui sont célibataire se sont vu dans l’obligation de composer sur une temporalité imposée, un vide qu’ils n’ont pas pu remplir comme d’habitude, et du coup cette confrontation au vide a dû faire bouger les mentalités ; nous le verrons progressivement apparaître des changements de comportements et de mentalités. Espérons que ce soit vers le positif que cela évolue, mais une chose est sûre, nous ne mesurons pas encore l’impact de cette crise, ni le traumatisme que cela va engendrer dans le temps. Et si notre sexualité était simplement le reflet de notre vision du monde ?

Sandie BOULANGER :

J’apprécie particulièrement ton questionnement de la sexualité comme le reflet de notre vision du monde. C’est effectivement un axe important dans ma pratique. J’avais écris, il y a quelques années , en arrivant naïve et vierge sur LinkedIn, un post s’intitulant “dis-moi comment tu bosses,je te dirai comment tu baises!”. Un pavé dans la marre, tu imagines. D’autant plus que le double sens du mot « baise » est amusant, entre un mot grossier et un romantique de bisou!

Depuis, je ne suis pas sûre que les consciences se soient beaucoup ouvertes à ce postulat qui me semble si révélateur. Mais attention ! Comme dans la compréhension de ses rêves, celle de ses fantasmes n’est pas à prendre au premier degrés !

Cela demande du recul (sans jeux de mot 😊), du questionnement, avec parfois même, l’aide d’un professionnel pour en comprendre le sens. À quoi cela sert-il? À faire tomber les masques (sans infraction aux gestes barrières!) pour se rapprocher de son authenticité. Être en équilibre entre ce que l’on fait, ce que l’on pense et ce que l’on dit.

Pourquoi? Pour accueillir ses émotions sans pétages de plombs disproportionnés et inappropriés. Ce qui favorise grandement la souplesse et l’adaptation aux multiples expériences de vie. Quels masques avons-nous pu découvrir dans le confinement, avec une perturbation du milieu professionnel, de la liberté, de la sécurité de base et de la sexualité?

Emmanuel FRANTZ-MERCADAL :

En tous les cas, c’est une des premières fois où il est autorisé, voir même normal, de pouvoir faire l’amour sur son lieu de travail !!!

 “dis-moi comment tu bosses,je te dirai comment tu baises!”, j’imagine bien le tollé sur les réseaux avec un titre si provocateur, les échanges ont dû être épiques. Et en même temps, effectivement la façon dont nous gérons notre corps, plus particulièrement notre façon de gérer notre sexualité, notre façon d’aimer émotionnellement et physiquement l’autre (et nous même par la même occasion) raconte beaucoup de notre caractère, de nos traumatismes, de notre personnalité.

Dans ce traumatisme collectif, je trouve que nous interrogeons beaucoup notre urgence de vivre, et surtout nos ressentis plus que notre mental et notre égo. L’absence de vie sociale nous a peut-être éloigné un temps de l’égo. Moins dans le paraître nous pouvons ré-investir notre intime, notre “moi”, et mieux vivre notre sexualité.

Sandie BOULANGER :

Oui, ré-investir notre intime, en passant par la troisième voie, celle qui sort du binaire: actif-passif, travailleur-chômeur, dominant-soumis… pour que ce « moi » sous aussi souple qu’un « je-nous », ou pas. À chacun ses responsabilités, ses prises de consciences, ses choix. Demain nous appartient, qu’allez-vous être ?

N’hésitez pas à commenter, soutenir, interagir dans le respect et la finesse que demande ce type de sujet ! bon déconfinement à tous, soyez prudents

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