Voici venu le temps où tout le monde parle de déconfinement, de cette libération remplie de promesses et d’engagements à ne pas faire comme AVANT, à bien comprendre ce qui s’est passé et donc choisir un meilleur APRES.
Une date est posée, puis remise en question, alors loin de ce tumulte, prenons donc ce temps pour nous interroger quelque peu sur ces notions et leurs implications dans la gestion de cette période si singulière :
“ C’est bon j’ai compris la leçon, je ne ferais plus comme avant, ça va être différent, ça sera mieux après !!”
Depuis quelques temps nous entendons et lisons toute cette dialectique autour du changement de monde, appelé de nos voeux bien sûr, mais qui semble souvent considéré comme acquis et certain.
Ne négligeons pas cette libération, cette joie de pouvoir bientôt retrouver une vie plus ouverte, c’est vrai que ça va être un grand moment à vivre, mais d’un côté nous entendons depuis notre toute tendre enfance “c’était quand même mieux avant” et depuis quelques temps une petite musique étrange disant l’inverse, “ce sera forcément mieux après”, étrange et paradoxal non ?
Notre volonté de construire un monde meilleur est là ; ce rêve, ce fantasme qui déjà avait révolutionné la société dans la fin des années 60, revient en force cette dernière décennie. Pourtant ce n’est pas la même époque, pas le même contexte. Quelque chose de plus réaliste, de plus pragmatique flotte, l’idée que ce rêve n’est peut-être pas si utopique. Je serais tenté de dire que nous avons collectivement et probablement inconsciemment pris conscience que nous devions faire face au sacro saint “principe de réalité” pour que ce rêve puisse véritablement prendre vie. J’assimilerai ça à une maturité collective, et c’ests un signal très encourageant pour notre futur.
Prendre en compte les besoins primaires de l’individu, de l’entreprise, de la société, de la planète et même de l’univers pour construire ensemble un monde meilleur. Alors comme tout changement il entraîne dans un premier élan une résistance au mieux et au pire un rejet. Cette QUALITÉ de vie, qu’elle soit au travail ou même dans la vie personnelle est l’enjeu de notre époque. La diminution du temps de travail dans un premier temps, le raz de marée du développement personnel, et plus récemment la bascule de l’aménagement de la qualité de vie au travail, même du bonheur au travail avec cette perpétuelle quête de sens ; toute cette R-É-volution bouleverse notre vie, notre état d’esprit et ceux qui ne l’ont pas compris sont ou seront confrontés rapidement à ce fait de société.
La violence des changements sera égale à notre capacité à absorber ces nouveaux concepts.
Lorsqu’une crise sanitaire de cette importance émerge, doublée malheureusement par une crise financière qui n’en sera pas moins mondiale, il y a fort à parier que nous ne pourrons plus jamais faire comme avant.
Ne pas faire comme avant ne veut pas nécessairement dire que nous allons faire mieux, cela signifie que nous allons devoir réinventer nos fonctionnements sociétaux avec une docilité de la population moindre, des résistances accrues et une subversion inévitable et plus marginale.
Ces dernières années ont vu émerger le sempiternel “c’était mieux avant” scandé par les nostalgiques de tout poils qui omettent avec plus ou moins de mauvaise foi les immenses progrès que notre civilisation a amené dans les domaines de la science, de la connaissance, de la communication et de la conscience. Dans cette société incroyable dans laquelle nous vivons, ce n’est plus l’absence d’information qui nous rend aveugle, c’est bien au contraire l’abondance d’information qui nous fait perdre de vue ce concept structurant qu’est le “libre arbitre”.
Apprenons nous de nos erreurs ?
C’est le fonctionnement normal de notre cerveau, ce mode expérientiel qui finit par apprendre de ses échecs, de modifier de manière substantielle notre comportement individuel et collectif : ça c’est certain ! Et pourtant en marge de mon optimisme légendaire, il est important de comprendre que la temporalité de l’univers n’est pas toujours la même que celle du quotidien. Nous ne sommes pas sûr d’apprendre ce coup-ci, nous ne sommes pas à l’abri que bon nombre de nos concitoyens aient compris et intégrés le nouveau monde et d’autres pas du tout. Il est possible que les individus incarnent ce changement et que les entreprises, les institutions et les pays n’aient pas pu ou voulu acter ce changement.
Alors que faire pour ne pas se planter pour demain ? Que faire pour prendre notre part active dans ce changement de société ? Quelle pierre à l’édifice pouvons-nous poser pour reconstruire ce monde autrement ?
D’abord fixer ensemble les grands objectifs de demain, poser notre intention profonde, le monde que nous voulons voir émerger. Cette intention est la plus puissante dans le processus et compose véritablement notre colonne vertébral, notre ADN.
Ensuite se concentrer sur le “ICI et maintenant” ; cette ôde à la présence au présent est un véritable présent à la vie, à soi. Se concentrer sur aujourd’hui, c’est le début de notre demain, c’est la meilleure manière de ne pas passer à côté de ce que l’univers nous propose.
Alors ça y est, nous y sommes, à l’aube du 11 mai, cela deviendra-t-il une fête nationale ? ou un pétard mouillé qui fait pschitt ? Étrangement, dans les patients que j’accompagne, les dirigeants et les collaborateurs, je ne retrouve pas l’impatience à laquelle je m’attendais. Beaucoup, presque une majorité, ne sont pas du tout pressé de reprendre le chemin du “avant”, de leur vie “normale”. Après la sidération, la résignation et la colère, nous avons constaté une véritable acceptation, l’envie de tirer le meilleur de cette crise que nous subissons.
Ne prenons pas notre mal en patience, mais plutôt notre bien en urgence, et allons-y construisons ce futur que nous avons rêvé, c’est de notre responsabilité.